Alain Delon, la mort d’une icône française à la notoriété planétaire

Alain Delon, la mort d'une icône française à la notoriété planétaire
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Si la mort à 88 ans de l’icône du cinéma français suscite une vague d’émotion dans son pays, Alain Delon était aussi un acteur particulièrement reconnu à l’international. D’abord entré au panthéon du cinéma italien, il devient rapidement un « dieu vivant » au Japon avant d’être adulé en Chine et d’acquérir le statut d’icône internationale.

Avec près de 90 films à son actif, Alain Delon n’a pas seulement marqué l’histoire du cinéma français. Au fil de sa carrière, sa popularité s’est aussi très largement exportée. D’abord considéré comme un acteur français, le mythe Delon a rapidement traversé les frontières, autant grâce à ses films qu’à son image d’ambassadeur de l’élégance à la Française.

Rarissime au cinéma depuis les années 1990, Alain Delon a pourtant profondément marqué certains pays à la culture parfois très éloignée de la France grâce à sa beauté et son aura. Notamment en Italie, qui lui offrira les rôles qui feront définitivement décoller sa carrière d’acteur.

Le plus italien des acteurs français

De l’autre côté des Alpes, Delon à 25 ans lorsqu’il marque l’histoire du cinéma italien grâce à de prestigieux réalisateurs dont Luchino Visconti, qui l’imposera au sommet avec Rocco et ses frères en 1960, récompensé par le Lion d’argent à la Mostra de Venise. Puis Le Guépard, en 1963, qui recevra la Palme d’or au festival de Cannes. Entre les deux, Michelangelo Antonioni le fera tourner dans L’Éclipse, prix spécial du jury au Festival de Cannes. Dix ans après, en 1972, un autre grand maître du cinéma, moins connu en France, Valerio Zurlini, l’un des plus fins portraitistes, lui fera jouer un magnifique rôle dans Le Professeur. Ce sera son dernier film avec un réalisateur italien.

« Adieu à l’icône du cinéma français », « Adieu Alain Delon, l’homme le plus beau du monde », « Au revoir Alain Delon, l’une des légendes du cinéma », titraient ce dimanche matin des quotidiens transalpins en ligne qui mettent en exergue les succès cinématographiques du comédien. « Le bal est fini. Tancredi s’en est allé danser avec les étoiles… », a réagi l’actrice italienne Claudia Cardinale qui donnait la réplique à Alain Delon dans Le Guépard, évoquant Tancrède, le personnage interprété par l’acteur dans le film culte de Luchino Visconti (1963). « Per sempre tua (À toi pour toujours), Angelica », conclut Claudia Cardinale, en signant du nom de son propre personnage dans le film.

« Dieu vivant » au Japon

Mais c’est pourtant au Japon que la popularité de l’acteur ne sera sans doute jamais dépassée. Alain Delon y est révélé par le film Plein Soleil (1960), qui fait un carton dans l’archipel où il effectuera sa première visite en 1963 pour le Festival du film français de Tokyo. L’acteur a alors 27 ans et il devient selon ses propres mots « un dieu vivant ». Entre 1961 et 1975, il arrivera très régulièrement en tête du classement des personnalités préférée des Japonais.

Sa carrière sera alors scrutée de près, encore plus lorsqu’en 1971, il partage l’affiche de Soleil rouge avec Toshiro Mifune, superstar du cinéma nippon. Dès lors, les passages réguliers de Delon dans l’archipel lui valent des accueils de chef d’État. « Les Japonais s’étaient identifiés à moi. C’est une histoire d’amour de trente ans », déclara notamment l’acteur dans une interview en 1996.

Il monnaye son image en Asie

Cette renommée sera d’ailleurs encore un peu amplifiée par les nombreuses campagnes de publicité dont il était l’égérie dans l’archipel. Alain Delon y devient une marque que l’on retrouve sur quantité de produits, du sous-vêtement à l’eau de Cologne, en passant par le shampoing… Il pose notamment pour Mazda et surtout pour la marque de vêtements D’Urban.

Dès les années 1990, l’acteur comprend qu’il peut monnayer son image en Asie, et lui qui refuse avec constance tous les contrats publicitaires en France, va y vendre des dizaines de produits dérivés, parfums, montres ou lunettes. Ainsi, en juillet 1994, les Cambodgiens peuvent découvrir l’acteur, smoking noir et regard de crooner, vanter des cigarettes à son nom. Sa propre marque « Alain Delon », lancée en 1978, vise surtout le Japon et d’autres pays asiatiques, pour vendre des articles de mode et accessoires à son nom.

Dans les années 1980 et 1990, un tour-opérateur nippon proposait même des voyages organisés en Europe dont la cerise sur le gâteau était un banquet à Paris en présence d’Alain Delon. Des options payantes étaient prévues pour avoir l’honneur de lui remettre un bouquet ou faire une photo-souvenir avec lui.

La Chine communiste à ses pieds

En Chine aussi, Alain Delon était une star planétaire. Au début des années 1980, le Parti communiste décide de commencer à importer quelques films européens, dont Zorro, où le justicier masqué est joué par l’acteur français. Le film sera un énorme succès et lorsque qu’il revient dans le pays en 1987, près de 18 000 fans sont rassemblés dans un stade pour tenter d’apercevoir la vedette. En 2010, pour l’exposition universelle de Shanghai, le président Nicolas Sarkozy lui demande d’être le parrain du pavillon tricolore. Il lancera alors devant les journalistes : « Je suis un peu chez moi en Chine ».

RFI

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